Témoignage d'une ancienne patiente
Cha cha cha d’Marsens
A Marsens, oyez bonnes gens, je n’ai pas trouvé que des fous,
À Marsens, le saviez-vous ? Non ? Je vais vous le dire :
Il y a des gens normaux, des gens comme vous … et moi,
Qui ont perdu un peu l’équilibre certes mais ce n’est pas tout !
À Marsens, privée de liberté à des fins d’assistance,
Placée dans une unité où je fus réellement assistée,
Par des soignants qui ont pris l’soin de prendre soin de moi,
Ma liberté me fut rendue avec la main tendue.
À Marsens, j’ai trouvé un accueil bienveillant,
Des gens sains d’esprit et de cœur qui n’jugent point,
Qui n’voyent pas d’abord un malade mais une personne qui souffre,
Et au-delà de nos douleurs beaucoup de ressources.
À Marsens, il y a un docteur qui s’appelle Kardous,
Je vous assure que c’n’est-pas parcequ’son nom rime avec « fous »,
Mais bien parcequ’il met tout son cœur à parler avec nous,
Afin de voir un peu plus clair dans nos troubles.
À Marsens on m’a permis de perdre un peu plus pied,
D’lâcher un peu d’lest, d’être triste, de pleurer un bon coup,
De rigoler aussi, de dormir, de rien faire, surtout,
Afin de retrouver mon centre et de vivre le goût.
À Marsens, grâce à eux, j’ai pu récupérer des forces,
Qu’j’avais épuisées à vouloir courir plus vite que la vie,
Une maman indestructible, ça va bien au cinéma,
Moi qui ai essayé je vous affirme que ça n’joue pas !
À Marsens il y a une dame, Anne, aux cheveux roux,
Qui m’a appris à dessiner sur un tissu tout doux,
Des contours au gutta noir pour comprendre mes limites,
Et apprivoiser les couleurs chatoyantes de ma vie.
À Marsens j’ai reçu par le mouvement chez M’sieur Lucia,
La saveur nouvelle d’émotions refoulées jusque-là,
Dans la lumière d’une confiance donnée sans préavis,
Redécouvrir sans peur – sans mais, sans si – celle que je suis.
À Marsens, oyez bonnes gens, écoutez bien cette chanson,
Étonnez-vous si ça vous dit, moi, je m’en fous !
Fou est seul celui qui vit à côté de sa vie,
Et des comme ça il y en a bien plus ailleurs, qu’ici … à Marsens !